J'aimerais voir. Pour que mon corps puisse devenir autre, tout à fait, pour entrer enfin dans l'espace qui serait le sien: devenu moi. Je verrais ma peau. Le tatouage tribal polynésien de l'être que j'aime, mon élancement comme une douleur dans la chair de celui qui me verrait. Redevenir apte à regarder la terre, le ciel, leur démarcation. Retrouver la vue pour ne plus jamais cesser de regarder la lune, prier avec elle pour les malheureux, pleurer avec le lac qui la reçoit, marquer le ciel d'une lueur à l'aube. Elle se définit par son effacement, chose ultime qu'un aveugle ne peut pas voir.