Topic 7190467

 

DH// 467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:27:19

© photo - Flikr common - Damona Art - Shadows of the past

TRAVIATA

 

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:27:19

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est belle et attendrissante. Ce n’est pas elle qui m’a fait progresser dans ma quête d’identité féminine intérieure. Je ne me suis jamais senti si homme en la voyant pleurer, souffrir et fuir le spectre de sa propre mort. Je sentais que c’était moi son bourreau, (incarné par un squelette qui lui court après) puisqu’elle m’abandonnait sans me dire pourquoi. La maladie? Ses poumons sont ses ennemis. Elle chante d’une voix divine mais l’histoire est si prenante que même lorsqu’elle chante, on craint pour sa voix. Cette production de La Traviata de Verdi m’a plongé dans un questionnement sur ma porosité hésitante: il y a un peu d’elle en moi, de lui en moi, et la maladie semble être le point de fuite fatal pour les deux… ici s’arrêtent les ressemblances: je suis en pleine santé.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:32:40

La scène où elle monte les escaliers pour aller sonner chez son amie Flora après avoir dit qu’elle n’irait pas m’a beaucoup remuée. C’est une femme sans défense, qui doit porter un crime sur ses épaules (elle doit abandonner son amant sans lui dire pourquoi, car c’est le père de ce dernier qui l’y oblige), c’est une scène d’une fébrilité rare. Elle doit imaginer plein de spectres lui ouvrir la porte (car c’est pendant le carnaval et tout le monde est déguisé). L’orchestre pétille beaucoup mais c’est pour dissimuler la lourdeur qu’elle porte dans son cœur.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:35:15

J’ai trouvé cette production un peu morbide, (surtout la scène où elle crache du sang) mais après tout, c’est la mort qui en est le personnage principal. Même si au moment de mourir, elle se donne à un grand spectacle solo de la vie retrouvée. Mais tout de suite après, quelle chute! Elle meurt renversée en contorsion dans les bras de son amant qui se désole, une fois que les deux se sont réconciliés.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:37:19

Il y a de l’excitation au début, quand elle donne une soirée chez elle et que tout est mis en place pour un changement drastique de sa vie de femme qui s'amuse dans l'insouciance et la nouvelle vie qu’elle se propose d’avoir dans la stabilité avec son nouvel amoureux qui prend chaque jour des nouvelles de sa santé. La fin du premier acte est très significative de son tourment: on voit qu’elle préfère la folie et la joie plutôt que la fidélité à un seul homme. Car dans son cas cette fidélité est associée à la mort, puisque se sachant très malade, elle renoncerait aux derniers expédients que la vie lui offre: s'offrir aux hommes riches en déambulant sur les trottoirs.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:39:42

À quoi ça sert de se réconcilier dans l’existence quand sitôt les problèmes sont du passé, l’émotion englobe tous les personnages et où la vie devrait enfin s’ouvrir, la pauvre Violetta meurt? Chaque note qu’elle chante est un trésor. Ça conduit néanmoins à la fin, cette dégringolade de la santé, de la richesse (car elle gagne bien sa vie en tant que femme qui s’offre aux hommes), et de la jeunesse, car elle ne connaîtra jamais la stabilité de la femme mûre.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:42:08

C’est très bizarre qu’on trouve le père sympathique et que la musique le rende si gentil. Il vient littéralement casser en deux le bonheur de son fils en en plus il a le culot de l’accueillir dans ses bras pour le consoler. Je n’ai pas aimé cet homme. Si j’avais été La Traviata, je ne lui aurais pas ouvert la porte au dernier acte. Même si on nous parle de réconciliation. Ce n’était pas la peine de tout briser entre ces deux amants pour se raviser par la suite et dire que les choses se sont arrangées autrement. Le mal est fait. Il fallait y penser avant. De plus on peut croire que la maladie de La Traviata aurait pu se contrôler mieux si elle n’avait pas eu à se confronter au malheur. La santé n’est pas quelque chose qui marche en synchronicité avec les sentiments. La mort frappe à la porte, si on lui ouvre, pas moyen de la retourner chez elle. Elle entre, s’installe, et prend toute la place, en emportant sa proie jusque dans la terre.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:44:24

Il n’y a pas tellement d’amour dans cet opéra parfait soi-disant. La rencontre entre les deux amants se passe à un moment où elle ne se sent pas tout à fait prête à l’accueillir. Au deuxième acte, on voudrait les voir amoureux plus longtemps, mais c’est déjà les malentendus. Elle vend des bijoux pour pouvoir l’entretenir dans sa maison de campagne, puis tout de suite le père intervient pour faire cesser une relation dont on n’a qu’entendu parler. C'est à partir de là que la pauvre femme dépérit. Il n’y a qu’au dernier acte qu'on peut constater une brève réconciliation et qu’on peut croire en leur amour, mais comme elle le dit dans un grand cri où on voit sa bouche échapper du sang: «Il est trop tard.»

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:46:53

J’ai aimé ce film sur la mort et la laideur de la maladie sans quoi ça se résumerait à une affaire de bien pensance entre nanas qui ne veulent pas être associées l’une à l’autre. Malgré tout, c’est la victoire de la morale sur la vie de débauche, et ça dit quelque part qu’on meurt en réparation d’une affaire dont on est coupable. À part le pauvre type qui perd son amoureuse, (mais qui va en trouver une autre, c’est évident parce qu’à la fin la mourante fait allusion à celle qui va la remplacer dans l'existence du mec) tout le monde est satisfait: le père a sauvé l’honneur de sa famille, et les festivaliers continuent de se comporter comme si la vie était un perpétuel carnaval.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:49:18

J’ai été saisie moi aussi par la scène où elle sonne à la porte de chez son amie qui donne une fête. Elle entre dans cet immeuble sinistre en pleine nuit, sans orchestre et sans décor, elle monte péniblement et on voit qu’elle hésite longtemps avant de sonner. Elle était tellement résolue à ne pas s’y rendre, dans cette maison de la débauche et du jeu. Il va lui envoyer son porte-feuille par la tête (scène d'effroi mais grandiose), et elle le sait d’avance. C’est un spectacle d’horreur qui se répercute ensuite dans sa chambre à coucher, quand tous les masques de la mort vont lui rendre visite pour la cerner dans son malheur.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:52:46

Lors d’une Traviata que j’ai vue à Berlin, à la toute fin, il y avait une grande lumière sur la scène et elle revenait à la vie. Elle restait debout victorieuse les bras levés et souriante, et ça finissait comme ça. C’est une réponse je pense à la morale un peu ringarde à laquelle tu fais allusion, parce que c’est vrai que sinon ça reste une histoire où la morale l’emporte et où la maladie se charge de punir la fille qui a fait le trottoir.

 

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Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est belle et attendrissante. Ce n’est pas elle qui m’a fait progresser dans ma quête d’identité féminine intérieure. Je ne me suis jamais senti si homme en la voyant pleurer, souffrir et fuir le spectre de sa propre mort. Je sentais que c’était moi son bourreau, (incarné par un squelette qui lui court après) puisqu’elle m’abandonnait sans me dire pourquoi. La maladie? Ses poumons sont ses ennemis. Elle chante d’une voix divine mais l’histoire est si prenante que même lorsqu’elle chante, on craint pour sa voix. Cette production de La Traviata de Verdi m’a plongé dans un questionnement sur ma porosité hésitante: il y a un peu d’elle en moi, de lui en moi, et la maladie semble être le point de fuite fatal pour les deux… ici s’arrêtent les ressemblances: je suis en pleine santé.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:32:40

La scène où elle monte les escaliers pour aller sonner chez son amie Flora après avoir dit qu’elle n’irait pas m’a beaucoup remuée. C’est une femme sans défense, qui doit porter un crime sur ses épaules (elle doit abandonner son amant sans lui dire pourquoi, car c’est le père de ce dernier qui l’y oblige), c’est une scène d’une fébrilité rare. Elle doit imaginer plein de spectres lui ouvrir la porte (car c’est pendant le carnaval et tout le monde est déguisé). L’orchestre pétille beaucoup mais c’est pour dissimuler la lourdeur qu’elle porte dans son cœur.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:35:15

J’ai trouvé cette production un peu morbide, (surtout la scène où elle crache du sang) mais après tout, c’est la mort qui en est le personnage principal. Même si au moment de mourir, elle se donne à un grand spectacle solo de la vie retrouvée. Mais tout de suite après, quelle chute! Elle meurt renversée en contorsion dans les bras de son amant qui se désole, une fois que les deux se sont réconciliés.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:37:19

Il y a de l’excitation au début, quand elle donne une soirée chez elle et que tout est mis en place pour un changement drastique de sa vie de femme qui s'amuse dans l'insouciance et la nouvelle vie qu’elle se propose d’avoir dans la stabilité avec son nouvel amoureux qui prend chaque jour des nouvelles de sa santé. La fin du premier acte est très significative de son tourment: on voit qu’elle préfère la folie et la joie plutôt que la fidélité à un seul homme. Car dans son cas cette fidélité est associée à la mort, puisque se sachant très malade, elle renoncerait aux derniers expédients que la vie lui offre: s'offrir aux hommes riches en déambulant sur les trottoirs.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:39:42

À quoi ça sert de se réconcilier dans l’existence quand sitôt les problèmes sont du passé, l’émotion englobe tous les personnages et où la vie devrait enfin s’ouvrir, la pauvre Violetta meurt? Chaque note qu’elle chante est un trésor. Ça conduit néanmoins à la fin, cette dégringolade de la santé, de la richesse (car elle gagne bien sa vie en tant que femme qui s’offre aux hommes), et de la jeunesse, car elle ne connaîtra jamais la stabilité de la femme mûre.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:42:08

C’est très bizarre qu’on trouve le père sympathique et que la musique le rende si gentil. Il vient littéralement casser en deux le bonheur de son fils en en plus il a le culot de l’accueillir dans ses bras pour le consoler. Je n’ai pas aimé cet homme. Si j’avais été La Traviata, je ne lui aurais pas ouvert la porte au dernier acte. Même si on nous parle de réconciliation. Ce n’était pas la peine de tout briser entre ces deux amants pour se raviser par la suite et dire que les choses se sont arrangées autrement. Le mal est fait. Il fallait y penser avant. De plus on peut croire que la maladie de La Traviata aurait pu se contrôler mieux si elle n’avait pas eu à se confronter au malheur. La santé n’est pas quelque chose qui marche en synchronicité avec les sentiments. La mort frappe à la porte, si on lui ouvre, pas moyen de la retourner chez elle. Elle entre, s’installe, et prend toute la place, en emportant sa proie jusque dans la terre.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:44:24

Il n’y a pas tellement d’amour dans cet opéra parfait soi-disant. La rencontre entre les deux amants se passe à un moment où elle ne se sent pas tout à fait prête à l’accueillir. Au deuxième acte, on voudrait les voir amoureux plus longtemps, mais c’est déjà les malentendus. Elle vend des bijoux pour pouvoir l’entretenir dans sa maison de campagne, puis tout de suite le père intervient pour faire cesser une relation dont on n’a qu’entendu parler. C'est à partir de là que la pauvre femme dépérit. Il n’y a qu’au dernier acte qu'on peut constater une brève réconciliation et qu’on peut croire en leur amour, mais comme elle le dit dans un grand cri où on voit sa bouche échapper du sang: «Il est trop tard.»

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:46:53

J’ai aimé ce film sur la mort et la laideur de la maladie sans quoi ça se résumerait à une affaire de bien pensance entre nanas qui ne veulent pas être associées l’une à l’autre. Malgré tout, c’est la victoire de la morale sur la vie de débauche, et ça dit quelque part qu’on meurt en réparation d’une affaire dont on est coupable. À part le pauvre type qui perd son amoureuse, (mais qui va en trouver une autre, c’est évident parce qu’à la fin la mourante fait allusion à celle qui va la remplacer dans l'existence du mec) tout le monde est satisfait: le père a sauvé l’honneur de sa famille, et les festivaliers continuent de se comporter comme si la vie était un perpétuel carnaval.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:49:18

J’ai été saisie moi aussi par la scène où elle sonne à la porte de chez son amie qui donne une fête. Elle entre dans cet immeuble sinistre en pleine nuit, sans orchestre et sans décor, elle monte péniblement et on voit qu’elle hésite longtemps avant de sonner. Elle était tellement résolue à ne pas s’y rendre, dans cette maison de la débauche et du jeu. Il va lui envoyer son porte-feuille par la tête (scène d'effroi mais grandiose), et elle le sait d’avance. C’est un spectacle d’horreur qui se répercute ensuite dans sa chambre à coucher, quand tous les masques de la mort vont lui rendre visite pour la cerner dans son malheur.

467 Re://T7190 [PSR/Wood/Warren/Tcher/Zorb/Bass/DeepA/Oper/Vesuv/Spino - Traviata] post. 18-12-15 18:52:46

Lors d’une Traviata que j’ai vue à Berlin, à la toute fin, il y avait une grande lumière sur la scène et elle revenait à la vie. Elle restait debout victorieuse les bras levés et souriante, et ça finissait comme ça. C’est une réponse je pense à la morale un peu ringarde à laquelle tu fais allusion, parce que c’est vrai que sinon ça reste une histoire où la morale l’emporte et où la maladie se charge de punir la fille qui a fait le trottoir.

 

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