Topic 7190604
19-12-09 17:26:54
© photo Marcus Prégent
CAHIER D'EXERCICES
Topic 7190605
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:38:09
DÉPART
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:38:09
Alex y avait laissé sa peau. Je lui en voulais, car je savais qu'il me serait impossible de continuer de vivre sans penser chaque jour à lui, et sans me lancer dans une investigation pénible des événements qui avaient entouré l'horrible conclusion de Symbiose, un stage de croissance personnelle où plusieurs participants avaient trouvé la mort.
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:39:54
"Alex y avait laissé sa peau", pour moi ça va. "Je lui en voulais", ça va aussi, l'émotion passe. On voit tout de suite la proximité entre le narrateur et Alex. "Sans penser chaque jour à lui" ça pose problème, Il y a un raccordement faux. Pourquoi parce qu'il est mort, serait-on plus susceptible de penser chaque jour à lui? Le "et" qui suit ("et sans me lancer...") est un double ratage. Il appauvrit la force de la première phrase en haut, puisqu'il s'en éloigne stylistiquement en allongeant indûment celle qui suit, 2- il oblige à un redoublement du "sans", inélégant en début de roman, et 3- il n'y a pas de rapport logique entre les deux propositions, ou s'il y en a un il est trop tarabiscoté pour arriver comme ça au début. Horrible conclusion: bon vendeur, Symbiose, puisque c'est le titre de l'œuvre, est bien résumé. Mais encore une fois la phrase est trop longue.
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:41:12
Deux observations à consonances de bémols: tu optes pour le plus-que-parfait, ce qui situe tout de suite un ton littéraire. Je sais que ce n'est pas le but d'éviter ce style d'élégance, mais l'objet de notre exercice aujourd'hui est de tout noter, donc voilà ce qui me frappe en premier. Je dis bémol parce que le temps relatif obligatoire au plus-que-parfait est le passé simple, ce qu'on nous interdit d'utiliser. L'autre objection tient au fait qu'en créant tout de suite un lien, puissant de surcroît, entre le narrateur et Alex, il y aura obligation de travailler un rapport supplémentaire alors que dans le roman en chantier ces rapports sont nombreux.
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:43:25
À quoi servirait ce narrateur, outre le fait qu'il comblerait une réclamation de la plainte? (Car bien sûr si un roman ne contient pas de narrateur au sens classique du terme, tout de suite les gens se serviront dans la boîte à ouvrage et se croiront très avisés de critiquer cette absence.) Mais ma réclamation à moi va dans le sens du côté très laborieux de ce rapport. Faudra inventer encore, ce qui risque de nous amener sur la piste du faux, de la fabrication, et, pire encore, de la psychologie de coin de table comme il y en a dans tous les livres qui racontent des histoires.
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:44:49
Pour une fois je trouve que la plainte a raison. Nous sommes les premiers à faire semblant de ne pas voir le malaise, mais dès qu'on entre dans ce texte, ça crie au désert. Il y a comme une absence remarquée de confident (oh là là, ici j'entends la théorie s'émoustiller. De la poésie pure: un narrateur confident). Pour mon goût personnel je m'en passerais, mais je trouve l'initiative de Pier très courageuse. Et inspirante jusqu'à un certain point.
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:46:46
Bah ici c'est comme qui dirait tout le contraire. On entre et on reconnaît tout de suite la couleur des vents sans même savoir si on est chez Purcell ou Vivaldi. Au point que je me demande si cette option ne doit pas être prise avec des pincettes comme point de départ. On arrive au temps de Noël. Qu'est-ce qu'on veut faire? Une polyphonie contemporaine ou un oratorio avec des grandes orgues?
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:48:40
Est-ce qu'on décide au préalable d'une tonalité ou est-ce celle-ci qui doit s'imposer avec le fil du récit? On se pose beaucoup de questions théoriques je trouve. Et, parce qu'ils sont en manque de théorie, les gens qui se prennent la tête avec cette dernière remontent jusqu'au déluge quand ils abordent la question des genres. Nous ne sommes pas les seuls à r^ver de la question du genre, de la mort du genre, de la résurrection de tous les genres en un seul. La proposition de Princesse sans Château est jusqu'à présent la plus sensible, la plus exigeante, et la plus innovatrice. Elle demande du travail, mais nous permettrait d'aborder la beauté des personnages de manière conviviale pour le lecteur. J'ai ceci à vous proposer: nous sommes peut-être dans la pire période de l'humanité pour faire des stages qui veulent se sortir des sentiers battus. Tous les sentiers sont accessibles, avec leurs défauts, leur inconfort. Leurs accidents font qu'ils se ressemblent tous. On ne sait pas lesquels emprunter. Les plus difficiles sont ceux qui promettent les meilleures destinations selon la Bible, et à cause de cette référence, pire que les ronces dont ils sont encombrés, personne ne veut les prendre. On préfère souffrir au bout de l'expérience que de relever le défi d'une expérience difficile. Mais je réalise qu'à présent un sentier solitaire n'existe plus. Ils sont collectifs, comme notre société, pendue après chaque branche de sa solitude, mais dans le sentiment d'un certain confort en voyant que l'individu n'est pas seul à souffrir de sa solitude. Bien sûr, je parle au nom de ceux qui réfléchissent encore à ces choses-là. Ce qui explique entre autres pourquoi ils sont si seuls. Et plus loin: "Commencez donc par aller mieux vous-même. Déjà, la société aura l'air d'aller mieux elle aussi."
605 Re://T7190 [SeaW/Tzar/BlackSp/Chr028/Vakha/Yuko/SwanL/YuLi - Départ ] post. 19-12-09 17:51:15
Je comprends la remarque de Christophe. Souvenons-nous d'un principe si le texte est bon, il endurera un début coriace. S'il est mauvais, n'importe quel début lui fera défaut. Mais je pense moi aussi que la proposition de Princesse vaut la peine d'être regardée avec minutie. J'aimais bien l'idée des présentations cela dit. Ça revient à ce qu'on se dit souvent: continuons, si on veut connaître la fin.